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mardi 5 mars 2013

Minarets d'Algerie


Les monuments religieux d'Algérie n'ont ni l'ancienneté ni le passé glorieux des mosquées de Kaïraouan et de Tunis ni la majesté de la Grande mosquée de Cordoue. Cependant, malgré leur édification tardive et leurs dimensions modestes, ils n'en présentent pas moins un grand intérêt.

LA ART musulman, certes, n'a pas attendu le XIe siècle pour faire son apparition en Algérie. Déjà, dès le Ville siècle, l'imam Abderrahmane Ben Rustum et ses successeurs édifiaient leur capitale Tâhart à proximité de l'actuelle Tiaret et des vestiges de leur Qaçba ont été mis au jour au cours de fouilles entreprises en 1941.

A la même époque de ce VIIIe siècle, et plus précisément en 790, Idris 1er après avoir conquis Agadir, l'ancienne Tlemcen, y bâtissait une mosquée, reconstruite par son fils quelque vingt-cinq ans plus tard.

Un siècle après, en 908, Sédrata, à quelques kilomètres au sud-ouest de Ouargla, était fondée par les Ibâdites de Tâhart, chassés de leur capitale par les Fâtimides. Là encore, des fouilles ont permis de découvrir les vestiges d'une mosquée et d'un palais.



Sidi Oqba - سيدي عقبة

Quelques années plus tard, en 936, Ziri Ben Menaâd bâtissait Achir, dans le Titteri, où les fouilles entreprises ont mis au jour un palais et une mosquée.

Enfin, à une date qui ne nous est pas connue d'une manière précise (Xe siècle ?), fut édifiée la mosquée du Vieux-Ténès, l'unique monument religieux antérieur à cette époque et qui nous soit parvenu à peu près intact.

Ainsi donc, il existait des monuments religieux avant le XIe siècle, mais si l'on excepte les panneaux de plâtre sculptés de Sédrata, toutes les autres fondations ne présentent qu'un faible intérêt du point de vue artistique.

Au contraire, le XIe siècle peut être considéré comme l'âge d'or de la civilisation musulmane en Algérie. Zirides, Hammadites, Al-moravides, Mérinides ... nous ont laissé des monuments dont plusieurs jouissent d'une réputation méritée.

C'est sous le règne de Al-Muiz (1016-1062), le plus célèbre des souverains zirides, que fut édifiée la mosquée de Sayidi Abou Marwan à Annaba et embelli le tombeau de Sayidi Uqba, près de Biskra. Ces deux oeuvres s'inspirent, la première de la mosquée de Sfax, reconstruite aux X-XIe siècles et la seconde, de la bibliothèque offerte par le prince ziride à la grande mosquée de Kaïraouan.

Les Hammadites, comme s'ils avaient voulu manifester leur indépendance vis-à-vis de leur cousin d'Afrique, en art aussi bien qu'en politique, semblent avoir délaissé quelque peu les modèles zirides pour puiser leur inspiration dans les monuments aghlabides, fâtimides et andalous.

Tandis que les Béni-Hammad régnaient à El Kala et à Béjaïa, les Al-moravides, venus du Maghreb extrême, faisaient de Tlemcen une des capitales de leur empire et dotaient l'Algérie des trois grandes mosquées de Tlemcen, Alger et Nedroma. Avec eux, l'influence de l'Afrique disparaît presque totalement et c'est la Grande mosquée de Cordoue (Cordoba), les palais de El-Zahra et l'Aljaféria de Saragosse que vont prendre pour modèles leurs architectes.

Les Almohades, qui ont succédé aux Hammadites et aux Al-moravides en Algérie, n'ont laissé sur notre sol aucun monument digne de ce nom. Ils ont sans doute travaillé à la Grande mosquée de Tlemcen. On peut expliquer l'absence de monuments religieux almohades importants en Algérie par le fait que les Almohades se sont surtout intéressés au Maghreb extrême et à l'Andalousie si chère à leur coeur.

Les Mérinides, enfin, ont un art qui présente bien des ressemblances avec celui de leurs contemporains. Comme eux, ils ont contribué à l'enrichissement de l'art musulman en faisant une large place au décor sur plâtre et sur mosaïque de faïence.

Des inscriptions commémoratives et le style architectural incitent à visiter ces édifices mal connus, mais qui font partie intégrante de notre patrimoine culturel.

M. Medjoubi

L'Authentique mercredi 17 septembre 1997

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