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samedi 20 juillet 2013

Prevoir les seismes ? (Algerie Actualite 10.12.80)


La science n'est pas encore assez développée pour prévoir les Séismes. Alors, il faut construire en conséquence, c'est-à-dire prévenir ...

Le séisme suscite autant d'intérêt (épisodique, il est vrai), de peur que de superstition. Des rumeurs circulent, une sorte de psychose commence à s'installer depuis le dernier tremblement de terre survenu à El-Asnam.

« Le phénomène séismique rappelle M. Benalou, directeur du Centre National d'Astronomie, d'Astro physique et de Géophysique (CNAAG) est un phénomène naturel qui se manifeste depuis que la terre existe ». M. Benalou, s'insurge d'une manière véhémente contre « les rumeurs qui circulent dans un pays dont la religion est l'Islam, laquelle religion récuse les superstitions ».

Et si, en divers points du territoire national, nous continuons parfois à ressentir les secousses, l'explication en est simple : « chaque secousse d'une amplitude appréciable est suivie de répliques, ce qui est le cas à El-Asnam. Celles-ci dont le nombre sera très élevé se manifesteront durant 6 mois, et même plus, jusqu'à ce que la cassure revienne en place. Toutes les secousses ressenties à Alger sont des répliques, ce qui n'est pas le cas des deux secousses ressenties à Oum-el-Bouaghî et à Ghazaouet (dont l'épicentre était marin) ».

La prévision scientifique, précise-t-il, est encore peu développée », il est tout à fait illusoire d'attendre une solution miracle par des prévisions séismiques, celles-ci ne seront rentables que si elles sont d'une précision assez sérieuse et avec quelques dizaines d'heures d'avance. Nous n'en sommes pas encore à ce stade d'étude mais cela ne veut pas dire que les études de prévisions doivent être abandonnnées. Dans plusieurs pays un budget leur est alloué. En Algérie, nous n'avons pas encore entamé des recherches en matière de prévisions, mais nous pensons le faire.

« Actuellement ce qui est à la portée de l'homme ce sont les constructions paraslsmiques qui ont fait leurs preuves dans plusieurs pays ». Si ces dernières sont d'un coût assez élevé « il n'est pas dit que tout ouvrage doit être soumis à des normes rigoureuses ou des calculs précis. En effet, une maison de campagne bâtie correctement avec une répartition des masses appropriées peut résister aux chocs les plus sévères, et cela a été vérifié le 10 octobre dernier. Mais il est bien évident que les ouvrages importants à usage public, tels que les hôpitaux, écoles, complexes urbains etc ... doivent répondre à des normes paraslsmiques très strictes pour ne pas avoir à être reconstruits tous les 20 ans ». Ces normes doivent être établies par le C.T.C. (Centre chargé du contrôle Technique des Constructions), compte tenu des données fournies par le CNAAG et des différents paramètres des séismes décelés à travers le territoire national.

Ces normes rsppeions-le, concernent aussi bien l'architecture, la géométrie de l'ouvrage, que la nature des matériaux utilisés.

Un mois environ après le séisme qui a ravagé El-Asnam, certains s'interrogent sur l'opportunité de reconstruire la ville sur son ancien site. Les avis sont partagés et la crainte d'une nouvelle destruction dans quelques années est encore forte. Certains préconisent même le développement de Miliana et Relizane. La réponse de M. Benalou est ferme. : « Déplacer la ville dans la région d'El-Asnam ne servirait à rien, car toute la région est sujette au même risque. Mais il faut envisager des répartitions nouvelles dans le même périmètre en tenant compta des dégâts occasionnés lors du 10 octobre, et de la nature des sols ».

L'intérêt pour la seismologie a connu un brusque regain depuis la catastrophe d'El-Asnam. Pourtant cette science « combien utile pour le développement du pays », pour peu développée qu'elle soit, fait l'objet d'études de la part d'un groupe de chercheurs du Centre National d'Astronomie d'Astrophysique et de Géophysique (CNAAG). Ce dernier est un centre nouveau. Crée en avril 1980, il regroupe certaines structures déjà existantes à savoir : l'observatoire astronomique de Bouzaréah, (dans l'enceinte duquel est implanté ce centre) les structures de l'ex-institut de météorologie et de physique du globe ainsi que toutes les annexes implantées à travers le territoire national. Il s'agit de l'observatoire de physique du globe de Tamanrasset, de Béni-Abbès, des stations séismologi ques d'Alger-Bouzaréah, d'Alger-centre, de Tlemcen, d'Oued Fodda, de Sétif, de Relizane-barrage. La station de Sidi-Mohamed Ben Aouda est matériellement propriété des services de l'hydraulique.

L'institut de météorologie et de physique du globe a été déjà crée aux environs de 1930 en vue d'étudier le phénomène sismique en Algérie » qui est un pays dont la majeure partie de la superficie est sujette à ces catastrophes ». La création du C.NA.A.G. répond à un intérêt nouveau pour les études astronomiques et géophysiquos qui jusqu'à une période assez récente avaient été délaissées. En effet, les jeunes étaient attirés par des fonctions beaucoup plus rémunératrices, mais aussi et surtout parce que ces sciences, surtout géophysiques étaient pratiquement inconnues du grand public algérien. « Actuellement précise M. Benalou, cette situation a été dépassée puisque de nombreux étudiants commencent à s'intéresser à cette filière ». Depuis quelques années un enseignement va jusqu'à l'obtention d'un D.E.S., d'un magister de géophysique. Il est regrettable que les enseignements comme l'astronomie aient été supprimés, par manque d'étudiants, mais précise le directeur du C.NA.A.G. à « l'occasion de la création de ce centre, la réouverture de cette filière est envisagée à l'Université des Sciences et de Technologie d'Alger Bab-Ezzouar (U.S.T.A.). Seuls des scientifiques de très haut niveau (directeurs de recherche confirmés) nous sont nécessaires ».

F. SOUDANI