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lundi 19 novembre 2012

La rue d'Isly, actuelle Larbi-Ben-M'hidi


Tout a commencé en 1839, quand le ministère de la Guerre décida de déplacer l'enceinte de la ville au Fort de Bab Azzoun pour désenclaver la cité en raison de l'importance croissante du nombre d'habitants.

Mais l'extension de la ville n'était pas aussi simple. Les nouveaux propriétaires réclamaient un nouvel alignement pour la construction de leurs maisons. Le génie militaire étudia minutieusement cette partie sensible pour relier l'ancienne ville à la nouvelle, tracée à partir de la rue de l'Aqueduc, future rue d'Isly et actuelle rue Larbi-Ben-M'hidi.


En 1840, un plan partiel fut adopté. Il délimitait le nouveau quartier par six rues : rue Boumendjel (ex-rue Dumont-Durville), rue d'Isly, rue Colonel Houas (ex-rue des Généraux Morris), rue Debbih-Cherif (ex-rue Rovigo), route de Mustapha (côté Abane-Ramdane) et Asselah Hocine (ex-rue Constantine).

Rue Joinville
Des rues secondaires s'ouvraient sur la principale artère d'une largeur de 4 à 6,5 mètres : rue Chaïb-Ahmed (ex-rue Tanger), rue du Colonel-Oulhadj-Mohamed (ex-rue Joinville), rue Colonel-Houas (ex-rue du Marché). En 1841, la ville s'éleva avec une rapidité incroyable dans l'ancien faubourg de Bab Azzoun, et le colonel Charon déclara en 1842 qu'il était temps d'étudier un projet de ville « supérieure » à ce faubourg.

D'énormes travaux de terrassement furent lancés pour des rues en pentes carrossables ; la rue Boumendjel (ex-rue Dumont-Durville) et la rue Mustapha-Ben-Boulaïd (ex-rue Bugeaud) furent terminées en 1843.

Dans la même année, un autre plan partiel vint compléter le tracé des rues les plus élevées de la ville.





Alger, rue d'Isly le 26 mars 1962



L'approbation officielle fut donnée en 1846 ainsi que le plan général de la nouvelle ville d'Isly.

L'opération consistait à prolonger les cinq rues secondaires vers la partie haute dominant la rue d'Isly, la rue Colonel Haouas (ex-rue du Marché), la rue Colonel-Oulhadj-Mohamed (ex-rue Joinville) qui absorbaient la forte pente avec une cage d'escaliers, telle la rue Joinville avec 150 marches.


Un défi à la nature considéré comme un pittoresque contresens d'urbanisme.

La rue d'Isly 1957

En 1848, le plan de Guiachain Delaroche vint embeîlir la ville, séparer la citadelle de l'ancienne ville d'Alger par le boulevard de la Victoire et l'installation d'édifices publics.

La rue d'Isly 1960

Dans une lettre de Napoléon III adressée à Mac Mahon celui-ci demanda d'arrêter le percement des rues européennes pour sauver ce qu'il restait de la médina.

Le théâtre érigé de 1849 à 1853 dans le style impérial, dans la rue Boumendjel, (ex-rue Dumont-Durville) reste pauvre en figures géométrique.

En 1850, la place d'Isly (actuelle Emir-Abdelkader) devenait la partie excentrique. Trois ans plus tard, ce fut la régularisation de la rue Debbih-Cherif (ex-rue Rovigo) entre le square Bresson et la rue d'Isly pour mettre en place des cages d'escaliers ; ce fut réalisé en 1856 seulement car il fallut déblayer les abords du TNA occupés par « d'ignobles masures ».


La ville s'agrandit encore par la construction des grands boulevards comme Che-Guevara (actuel Zirout-Youcef), l'installation du Palais de justice et de l'Hôtel de Ville. La vue de 1870 montre que la région a été enserrée entre les deux murailles. La construction de nombreux escaliers dans la partie haute a été commencée en 1875 pour ouvrir d'autres rues comme le Telemly et la rue Mouzaoui, là où le Palais du gouvernement fut installé.

Dix ans plus tard (1888), la rue d'Isly, avec ses immeubles, ses édifices publics, ses rues secondaires, les deux rampes de 12 mètres de largeur comme norme hygiénique était terminée et 1900, la ville était réellement devenue la ville de la bourgeoisie coloniale. Aujourd'hui, la rue d'Isly témoigne de son existence face à la modernisation du temps.

Youb (Le Matin N2791 lundi 30 avril 2001)