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dimanche 21 août 2011

Algerie et Tunisie, decoupage du Service geographique de l'Armee


Au début des années 1880, le service topographique de l’armée française (devenu Service géographique de l’Armée – SGA - en 1897) adopte un principe de découpage du territoire algérien (prolongé ensuite en Tunisie) qui constitue la base de la plus grande part de la cartographie des deux pays durant plus d’un siècle. Ce principe est fondé sur une grille kilométrique dont la cellule de base mesure 32 par 20 km; elle est construite à partir de l’intersection entre le méridien de Paris (0 grades) et le parallèle 40 grades nord (soit 36°), elle est à l’origine du découpage de plusieurs cartes représentant l’Algérie et/ou la Tunisie au 1/200 000, 1/100 000, 1/50 000 et 1/25 000.

Cette grille a tout d’abord constitué la base de la carte topographique de l’Algérie et de la Tunisie C11 à l’échelle 1/50 000 et qui compte plus de 550 feuilles de 64 par 40 cm utiles. Les autres séries ont été construites par assemblage et/ou découpage de cette grille, ainsi :
1°. Une carte au 1/200 000 C09, publiée entre 1882 et 1884, dont chaque feuille correspond à l’assemblage de 16 cases (4 x 4) et représente 128 par 80 km sur un format utile de 64 par 40 cm. Cette carte est rapidement abandonnée pour être remplacée par la suivante (carte n° 2), à la même échelle, mais imprimée sur des feuilles plus petites.
2°. Une carte au 1/200 000 C10, publiée à partir de 1888, dont chaque feuille correspond à l’assemblage de 9 cases (3 x 3) et représente 96 par 60 km sur un format utile de 48 par 30 cm.
3°. Une carte au 1/100 000 C08, publiée à partir de 1895, dont chaque feuille correspond au 1/4 d’une feuille de la carte n° 2 au 1/200 000 et représente 48 par 30 km sur un format utile de 48 par 30 cm.

Ces deux dernières cartes présentent le défaut d’un mauvais emboîtement avec les feuilles au 1/50 000 (chaque feuille au 1/100 000 correspond à 9/4 d’une feuille au 1/50 000). Pour y remédier, un nouveau formatage des cartes au 1/100 000 et 1/200 000, construit sur la base du découpage d’origine, est adopté pour l’Algérie en 1956 (la Tunisie est alors indépendante). Chaque feuille est découpée de manière à correspondre non plus à 9 feuilles au 1/50 000 mais à 16 (4 x 4). Ce nouveau découpage donne lieu à plusieurs séries :
4°. Une carte au 1/200 000 de l’Algérie D04, publiée à partir de 1956, dont chaque feuille correspond à l’assemblage de 16 cases (4 x 4) et représente 128 par 80 km sur un format utile de 64 par 40 cm. Malgré les similitudes de cette grille avec celle de la carte n° 1, publiée au début des années 1880, elles présentent un décalage, en hauteur et en largeur.
5°. Une carte au 1/100 000 de l’Algérie D07 seulement, publiée à partir de 1956, dont chaque feuille correspond à l’assemblage de 4 cases de la grille d’origine (2 x 2) et aussi au 1/4 d’une feuille de la carte n° 4 au 1/200 000. Elle représente 64 par 40 km sur un format utile de 64 par 40 cm.

Par découpage de la grille d’origine, les autorités algériennes et tunisiennes ont aussi dressé des cartes à grande échelle.
6°. Une carte au 1/25 000 de l’Algérie D10, publiée à partir de 1961, dont chaque feuille correspond au 1/4 d’une case de la grille d’origine et représente 16 par 10 km sur un format utile de 64 par 40 cm. Dans certaines régions, les feuilles de cette carte sont publiées en demi format (32 x 40 cm qui représentent 8 par 10 km). Ce dernier découpage est aussi adopté pour une carte de l’Algérie au 1/20 000 D09 dont chaque feuille représente le même espace sur un format de 40 x 50 cm.
7°. Une carte au 1/25 000 de la Tunisie E04, publiée à partir de 1965, dont chaque feuille correspond au 1/4 d’une case de la grille d’origine et représente 16 par 10 km sur un format utile de 64 par 40 cm.

Ainsi, ce ne sont pas moins de 9 cartes topographiques, auxquelles il faut ajouter six cartes archéologiques (5 en Tunisie et une pour l’Algérie) et plusieurs cartes géologiques qui ont été construites sur la base du découpage adopté par les topographes militaires au début des années 1880. Depuis le début des années 1980, le principe du découpage international (fondé sur des sous-parties du quadrillage des méridiens et des parallèles) a le plus souvent remplacé l’ancien mais, en Tunisie par exemple, il est encore en usage pour les cartes topographiques au 1/100 000 et 1/25 000.

J.-L. Arnaud, CNRS, mai 2006

cartomed.mmsh.univ-aix.fr